La quête d'Astier
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La quête d'Astier
Un pas… Puis un autre… Ses jambes semblaient être ensorcelées, tant elles semblaient lourdes et refusaient de le mener là où son cœur le voulait. Il n’avait plus trop de souvenirs en tête et donc il n’arrivait pas à comprendre ce qui lui était arrivé. Cependant, son état déplorable lui indiquait qu’il avait dû subir moult affrontements et atrocités. Son corps couvert de sang, ses muscles endoloris, sa vision qui diminuait étaient des signes évident, mais au plus profond de lui, un autre mal le rongeait, le rendait inapte à tout raisonnement censé. Il marchait là ou son corps voulait bien l’emmener et riait bêtement. Pourquoi me direz-vous ? Le pauvre malheureux ne le savait même pas. Cet état d’euphorie semblait quasi permanent et les quelques rencontres qu’il fit s’enfuirent à sa vue.
En y repensant, ces manants semblaient bien étranges à ses yeux. Plus il en croisait, plus leurs visages se déformaient et devenaient hideux. N’importe qui aurait hurlé, mais il se contentait de rire, encore et plus fort. Arrivé sur un pont, il s’arrêta pour contempler la rivière. Contempler l’eau avait toujours été une de ses activités préférées. Il adorait le faire avec une personne en particulier, mais même maintenant, il était incapable de mettre un visage sur cette personne… Ce qui le fit rire de plus belle !
Soudain, il lui prit l’envie de se pencher pour contempler son visage dans l’eau. Il y vit un spectacle désolant : son visage couvert de boue et de sang respirait l’effroi. Une belle balafre se dessinait sur son visage et avait légèrement abîmé son œil droit. Ses longs cheveux noirs comme l’ébène ne ressemblaient plus à une belle chevelure, mais dansaient chaotiquement sur sa tête. Sa bouche avait maintenant un rictus nerveux qui enlaidissait le tout. Son corps était un champ de blessures et de cicatrices. Pourtant au milieu de tout ce chaos, il put distinguer quelque chose. Un pendentif qui ornait son cou. Timidement, il portait la main vers ce précieux bijou et un il entrevit enfin un souvenir. Vague, mais il était là encore au fond de lui. « Emmeline… »
Une douleur s’empara de lui. Tout se bousculait dans sa tête : lui n’étant qu’un simple écuyer, follement amoureux de la princesse de la cité et qui lui rendait son amour. Puis un jour il avait appris qu’une vile sorcière l’avait enlevée, car le Roi n’avait pas respecté son engagement envers elle. Il s’était donc lancé au secours de sa bien-aimée, mais comment un simple écuyer pouvait lutter contre la magie ? Contre une créature démoniaque ? Elle lui avait fait subir mille tourments et il se revoyait dans son antre, hurler et souffrir. Il se souvenait à présent de sa dame pleurer devant le spectacle. Il se courbait à présent de douleur, n’entendait pas la personne qui arrivait, hurlant à pleins poumons son nom : « Astier ! Astier ! » La seule chose qu’il sentait maintenant était le contact dur et violent des pavés du pont sur sa tête. Son corps avait lâché, il était là à moitié inconscient et allongé au beau milieu d’un pont. Pour lui plus rien n’avait d’importance. Et comme s’il ne l’avait pas déjà assez fait, il se mit à rire…
En y repensant, ces manants semblaient bien étranges à ses yeux. Plus il en croisait, plus leurs visages se déformaient et devenaient hideux. N’importe qui aurait hurlé, mais il se contentait de rire, encore et plus fort. Arrivé sur un pont, il s’arrêta pour contempler la rivière. Contempler l’eau avait toujours été une de ses activités préférées. Il adorait le faire avec une personne en particulier, mais même maintenant, il était incapable de mettre un visage sur cette personne… Ce qui le fit rire de plus belle !
Soudain, il lui prit l’envie de se pencher pour contempler son visage dans l’eau. Il y vit un spectacle désolant : son visage couvert de boue et de sang respirait l’effroi. Une belle balafre se dessinait sur son visage et avait légèrement abîmé son œil droit. Ses longs cheveux noirs comme l’ébène ne ressemblaient plus à une belle chevelure, mais dansaient chaotiquement sur sa tête. Sa bouche avait maintenant un rictus nerveux qui enlaidissait le tout. Son corps était un champ de blessures et de cicatrices. Pourtant au milieu de tout ce chaos, il put distinguer quelque chose. Un pendentif qui ornait son cou. Timidement, il portait la main vers ce précieux bijou et un il entrevit enfin un souvenir. Vague, mais il était là encore au fond de lui. « Emmeline… »
Une douleur s’empara de lui. Tout se bousculait dans sa tête : lui n’étant qu’un simple écuyer, follement amoureux de la princesse de la cité et qui lui rendait son amour. Puis un jour il avait appris qu’une vile sorcière l’avait enlevée, car le Roi n’avait pas respecté son engagement envers elle. Il s’était donc lancé au secours de sa bien-aimée, mais comment un simple écuyer pouvait lutter contre la magie ? Contre une créature démoniaque ? Elle lui avait fait subir mille tourments et il se revoyait dans son antre, hurler et souffrir. Il se souvenait à présent de sa dame pleurer devant le spectacle. Il se courbait à présent de douleur, n’entendait pas la personne qui arrivait, hurlant à pleins poumons son nom : « Astier ! Astier ! » La seule chose qu’il sentait maintenant était le contact dur et violent des pavés du pont sur sa tête. Son corps avait lâché, il était là à moitié inconscient et allongé au beau milieu d’un pont. Pour lui plus rien n’avait d’importance. Et comme s’il ne l’avait pas déjà assez fait, il se mit à rire…
Fuji- Chasseur de rêves
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Localisation : Paris
Re: La quête d'Astier
Elle allait à travers la ville, son panier d'osier se balançant à son bras, la tête couverte d'un bonnet trop grand pour elle. Un foulard dissimulait le bas de son visage, sans doute pour se protéger des odeurs nauséabondes de la ville (fumier, pots de chambre vidés à même la rue, remugles de viande pourrie, sans compter l'odeur corporelle de ses habitants dont beaucoup ignoraient le sens du mot "bain").
Une matrone derrière un étal de légumes l'interpella :
"Oh la, ma belle, tu m'achètes des racines de gravasse ?
— Pas aujourd'hui !
— Tu as tort, il paraît qu'en infusion, ça attire les hommes. Ca te ferait pas de mal !"
Et la marchande de partir d'un rire salace et gras, contente de ce qu'elle paraissait considérer comme un trait d'esprit. La silhouette voilée ne répondit pas, elle était coutumière de ce genre de quolibet depuis son adolescence. Les hommes ne la courtisaient pas, les femmes la moquaient, et les enfants murmuraient sur son passage.
Pour ces raisons et quelques autres, elle vivait dans une humble chaumière en dehors des murs fortifiés de la ville. Son père, qui dirigeait l' une des meilleures auberges de la ville, lui avait offert cette masure, à l'orée de la forêt voisine. Il ne s'agissait cependant pas d'un acte de gentillesse : il craignait de perdre sa clientèle en gardant sa fille sous son toit. Elle vivait donc là, seule, entourée des arbres et des animaux de la forêt. Elle venait parfois en ville, lors des grands marchés et des foires, vendre ses fruits et légumes à des étrangers qui ignoraient tout de sa disgrâce : les marchands locaux refusaient tout ce qui venait de son jardin.
Telle était sa vie, et la jeune femme n'en faisait pas un drame. Elle était née sous une mauvaise étoile, voilà tout, et elle avait appris l'humilité sous les coups de l'indifférence hostile de ses pairs.
Tout en marchant, elle vérifia dans la longue poche de sa robe la présence des quelques pièces qui y tintaient. Elle avait réalisé une belle vente, et son grand panier, empli de pousses et de fruits ce matin, était vide et léger. Un marchand du nord, gros, riche et un peu ivre les lui avait achetés. Il avait du abuser du cru local, ce qui n'était jamais bon pour les affaires.
"Astier ! Astier !"
Ce cri la fit sursauter. Elle était parvenue au pont la ramenant chez elle. Sur les pavés, un homme se tordait de douleur ou de rage, peut-être les deux. Il paraissait bien mal en point. La femme voilée se figea, cherchant une autre silhouette du regard. Ne percevant nulle autre présence, elle s'approcha du moribond. Il avait du être beau, mais quelque sinistre aventure l'avait couvert de blessures et de cicatrices. Il riait, tel un dément, inconscient du monde qui l'entourait. Une victime idéale pour tous les tire-laines et les paysans sans le sou du coin. L'inconnue vérifia la présence de sa dague à sa ceinture. Elle ne maniait pas très bien cette arme, mais son contact la rassura. Elle s'approcha du blessé gisant sur les pavés, et, s'accroupissant près de lui, entreprit immédiatement d'examiner ses blessures, avec des gestes précis et rapides.
"Messire, m'entendez-vous ? N'ayez crainte, je vais vous aider... Que vous est-il arrivé ? "
Une matrone derrière un étal de légumes l'interpella :
"Oh la, ma belle, tu m'achètes des racines de gravasse ?
— Pas aujourd'hui !
— Tu as tort, il paraît qu'en infusion, ça attire les hommes. Ca te ferait pas de mal !"
Et la marchande de partir d'un rire salace et gras, contente de ce qu'elle paraissait considérer comme un trait d'esprit. La silhouette voilée ne répondit pas, elle était coutumière de ce genre de quolibet depuis son adolescence. Les hommes ne la courtisaient pas, les femmes la moquaient, et les enfants murmuraient sur son passage.
Pour ces raisons et quelques autres, elle vivait dans une humble chaumière en dehors des murs fortifiés de la ville. Son père, qui dirigeait l' une des meilleures auberges de la ville, lui avait offert cette masure, à l'orée de la forêt voisine. Il ne s'agissait cependant pas d'un acte de gentillesse : il craignait de perdre sa clientèle en gardant sa fille sous son toit. Elle vivait donc là, seule, entourée des arbres et des animaux de la forêt. Elle venait parfois en ville, lors des grands marchés et des foires, vendre ses fruits et légumes à des étrangers qui ignoraient tout de sa disgrâce : les marchands locaux refusaient tout ce qui venait de son jardin.
Telle était sa vie, et la jeune femme n'en faisait pas un drame. Elle était née sous une mauvaise étoile, voilà tout, et elle avait appris l'humilité sous les coups de l'indifférence hostile de ses pairs.
Tout en marchant, elle vérifia dans la longue poche de sa robe la présence des quelques pièces qui y tintaient. Elle avait réalisé une belle vente, et son grand panier, empli de pousses et de fruits ce matin, était vide et léger. Un marchand du nord, gros, riche et un peu ivre les lui avait achetés. Il avait du abuser du cru local, ce qui n'était jamais bon pour les affaires.
"Astier ! Astier !"
Ce cri la fit sursauter. Elle était parvenue au pont la ramenant chez elle. Sur les pavés, un homme se tordait de douleur ou de rage, peut-être les deux. Il paraissait bien mal en point. La femme voilée se figea, cherchant une autre silhouette du regard. Ne percevant nulle autre présence, elle s'approcha du moribond. Il avait du être beau, mais quelque sinistre aventure l'avait couvert de blessures et de cicatrices. Il riait, tel un dément, inconscient du monde qui l'entourait. Une victime idéale pour tous les tire-laines et les paysans sans le sou du coin. L'inconnue vérifia la présence de sa dague à sa ceinture. Elle ne maniait pas très bien cette arme, mais son contact la rassura. Elle s'approcha du blessé gisant sur les pavés, et, s'accroupissant près de lui, entreprit immédiatement d'examiner ses blessures, avec des gestes précis et rapides.
"Messire, m'entendez-vous ? N'ayez crainte, je vais vous aider... Que vous est-il arrivé ? "
Shangry- Chasseur de rêves
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Re: La quête d'Astier
Dans les tourments et la folie, Astier distinguait une silhouette. Une femme s’était approchée du misérable spectacle qu’il offrait et tentait même de converser avec lui. « Ah gente dame ! Votre bonté n’a d’égal que votre beauté ! Venir près du misérable mécréant que je suis et s’enquérir de sa situation, vous devez forcément être une princesse ! » Il ne savait plus à qui il s’adressait, sa vue était à moitié brouillée par le sang. « Un conseil ma douce amie, ne restez point près de moi, ce n’est pas sûr ! Voyez-vous… » Il s’arrêta le temps de tousser. « Je ne suis qu’un pauvre écuyer, qui vient de subir mille tourments par une sorcière qui a enlevé Dame Emmeline. Ma douce et tendre Dame Emmeline… » Il se perdit dans ses songes, rêvant un court instant de sa douce et se redressa d’un coup et tout en prenant l’inconnue par les épaules, lui demanda nerveusement : « Êtes-vous Dame Emmeliene ? Peut-être que oui ! Hum ! Peut-être que tout ceci n’est qu’un mauvais songe ! »
Mais ses mains abîmées et ensanglantées sur les épaules de sa nouvelle amie le ramenaient à présent à la réalité. « Non… C’est bien réel… Mon esprit ne me joue point de tour. » Son regard à présent était voilée par une sincère tristesse. Il détachait ses mains de la jeune femme et semblait ailleurs, dans un autre monde. Puis, il se retourna vers elle, leva un doigt pour lui signifier quelque chose d’important et se lança dans une grande tirade, sans reprendre une fois son souffle : « Savez-vous que cette sorcière a capturé Dame Emmeline parce que son père avait fait un pacte qu’il n’avait pas tenu ? Et que notre bon roi refuse d’aller chercher sa fille ? Et que votre serviteur que voilà y est allé seul ? Le fou que je suis ! Vous saviez qu’on pouvait soulever un bout de peau et il mettre un liquide brûlant en dessous ? Dans son antre elle a moult instruments ! Certains vous font des blessures visibles et d’autres invisibles ! C’est une sorcière ! Une vraie de vraie ! »
Et il se remit à rire, pitoyable personnage que voilà. Un éclair de lucidité le ramena à la réalité et avec un bref sourire franc et sincère, il s’excusa. Il enleva ce qui lui restait de chemise et s’allongea sur le pavé. « Gente dame, vous devriez partir. J’attends à présent que la mort me prenne. J’espère qu’elle sera une bonne amante ! » Plus rien ne le rattachait à ce monde. Enfin, c’est ce qu’il croyait. Il pensait avoir perdu Dame Emmeline, il pensait n’être rien mis à part un pitoyable sauveur. Que pouvait-il faire d’autre ? Il attendait donc là, les bras grands ouverts, quand il réalisa son erreur et tenta de se relever. « Belle inconnue… je … j’ai besoin d’aide ! » Et il alla s’évanouir sur le sol, manquant de fracasser sa tête contre les pavés.
Mais ses mains abîmées et ensanglantées sur les épaules de sa nouvelle amie le ramenaient à présent à la réalité. « Non… C’est bien réel… Mon esprit ne me joue point de tour. » Son regard à présent était voilée par une sincère tristesse. Il détachait ses mains de la jeune femme et semblait ailleurs, dans un autre monde. Puis, il se retourna vers elle, leva un doigt pour lui signifier quelque chose d’important et se lança dans une grande tirade, sans reprendre une fois son souffle : « Savez-vous que cette sorcière a capturé Dame Emmeline parce que son père avait fait un pacte qu’il n’avait pas tenu ? Et que notre bon roi refuse d’aller chercher sa fille ? Et que votre serviteur que voilà y est allé seul ? Le fou que je suis ! Vous saviez qu’on pouvait soulever un bout de peau et il mettre un liquide brûlant en dessous ? Dans son antre elle a moult instruments ! Certains vous font des blessures visibles et d’autres invisibles ! C’est une sorcière ! Une vraie de vraie ! »
Et il se remit à rire, pitoyable personnage que voilà. Un éclair de lucidité le ramena à la réalité et avec un bref sourire franc et sincère, il s’excusa. Il enleva ce qui lui restait de chemise et s’allongea sur le pavé. « Gente dame, vous devriez partir. J’attends à présent que la mort me prenne. J’espère qu’elle sera une bonne amante ! » Plus rien ne le rattachait à ce monde. Enfin, c’est ce qu’il croyait. Il pensait avoir perdu Dame Emmeline, il pensait n’être rien mis à part un pitoyable sauveur. Que pouvait-il faire d’autre ? Il attendait donc là, les bras grands ouverts, quand il réalisa son erreur et tenta de se relever. « Belle inconnue… je … j’ai besoin d’aide ! » Et il alla s’évanouir sur le sol, manquant de fracasser sa tête contre les pavés.
Fuji- Chasseur de rêves
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Re: La quête d'Astier
L'homme était en proie à la plus grande agitation et au délire. Après s'être fendu d'un verbiage incohérent où il était question de tortures, de princesse, d'amante et de mort, il s'était effondré, inconscient, sur le pavé.
Emmeline était bel et bien le nom de la princesse, aucun doute là-dessus, quelques pièces dans la poche de l'inconnue au visage voilé étaient frappées du profil de médaille de la descendante royale. De plus, il y avait bien eu quelques bruits sur la disparition de l'héritière. Cet homme avait-il été vraiment désigné pour la sauver ? Ou bien, comme il l'avait prétendu dans son délire, s'était-il désigné lui-même pour cette mission ?
Eliane, puisque tel était le prénom de celle qui avait croisé le chemin d'Astier, se demanda si elle ne ferait pas mieux de fuir et de laisser cet écuyer, s'il en était vraiment un, à son sort. Cependant, elle avait trop bon coeur pour cela. Elle vérifia que l'homme était bel et bien inconscient, puis jeta un oeil de l'autre côté du pont. Elle ne pouvait soulever ce moribond, seule, et le porter jusqu'à sa chaumière. Quand à revenir en ville avec lui... On l'accuserait probablement de lui avoir porté préjudice. Par deux fois déjà, Eliane avait failli finir au bûcher, et la seconde fois, elle avait connu les tourments du pilori pendant trois jours ! Mieux valait éviter de donner aux bonnes gens une raison de se débarrasser d'elle.
Il ne restait donc qu'une seule solution pour transporter le blessé. Eliane se leva, se tourna vers la forêt toute proche, et défit le masque qui dissimulait le bas de son visage. Elle lança un appel que les hommes ne pouvaient comprendre, mais que certaine créature, dissimulée parmi les arbres, saurait percevoir. Cela fait, elle remit son foulard en place, et entreprit de ramasser quelques plantes et fleurs sauvages.
La réponse ne fut pas longue à venir. Moins de dix minutes plus tard, Eliane perçut un bruit de branches brisées et de cavalcade. Ce qui sortit de la forêt ressemblait à un cheval sauvage, mais son corps était bardé de plaques osseuses et protectrices. En son front, une double corne pointait, menaçante, et la fin de son museau se prolongeait d'un bec en corne. la bête piaffait et reniflait bruyamment. C'était un kherval, une créature de légende, que peu de voyageurs se risquaient à provoquer. Elle s'approcha cependant d'Eliane sans crainte ni hésitation.
Eliane déposa aux pieds de l'animal les quelques plantes qu'elle avait récoltées, en gardant la tête baissée et sans jamais dévisager le kherval. Une offrande que la bête accepta, se mettant à brouter avec entrain, les claquements secs de son bec trahissant son plaisir et son impatience.
Réunissant toutes ses forces, Eliane releva Astier, le traîna jusqu'au kherval, et le hissa tant bien que mal sur le dos de la bête. Puis elle se mit en route, suivie de cet étrange équipage.
Moins d'une heure plus tard, Astier, entre vie et mort, reposait sur un matelas sommaire fait de paille, de bois et de tissu grossier : le lit d'Eliane. La bicoque où vivait la jeune femme était sobrement aménagée. Au centre de la pièce unique et circulaire d'environ 5 mètres de diamètre se trouvait l'âtre, sous une cheminée de pierre qui composait le principal ameublement de l'habitat. La porte était masquée par une série de fourrures, pour limiter les courants d'air. Il n'y avait pas de fenêtres.
Eliane fit venir l'une de ses chèvres à l'intérieur de la bicoque, la plus vieille et la plus malade de toutes. Elle ôta de nouveau son masque, et posa une main sur le front brulant d'Astier, l'autre entre les cornes de la chèvre, qui s'endormit instantanément. Alors Eliane entonna un chant étrange, qui s'éleva telle une douce mélopée dans la nuit.
Cela dura des heures et des heures. Sur le visage plissé par la concentration d'Eliane, on pouvait distinguer par instants de violents accès de douleur qui la pliaient en deux. Le fait était qu'elle ressentait la souffrance du jeune homme, et que ses blessures se déversaient en elle comme le poison dans un puits empli d'une eau claire. Puis, la jeune femme transmettait le mal à la chèvre endormie. Peu à peu, les blessures d'Astier cicatrisaient, alors que des plaies similaires se développaient sur le corps de la chèvre.
Peu avant l'aube, Eliane cessa de chanter et replaça son masque sur sa bouche. Astier respirait calmement et régulièrement. Ses plaies n'étaient plus que des cicatrices. La chèvre, en revanche, était au plus mal. Saignant de nombreuses blessures, elle bêlait doucement, à l'agonie.
Eliane s'allongea tout contre elle et la serra dans ses bras, souhaitant de tout coeur que l'écuyer vaille le prix que sa chèvre venait de payer. Puis, la fatigue psychique la fit sombrer dans le sommeil. Il y avait un moment qu'elle n'avait pas fait autant appel à son pouvoir...
Emmeline était bel et bien le nom de la princesse, aucun doute là-dessus, quelques pièces dans la poche de l'inconnue au visage voilé étaient frappées du profil de médaille de la descendante royale. De plus, il y avait bien eu quelques bruits sur la disparition de l'héritière. Cet homme avait-il été vraiment désigné pour la sauver ? Ou bien, comme il l'avait prétendu dans son délire, s'était-il désigné lui-même pour cette mission ?
Eliane, puisque tel était le prénom de celle qui avait croisé le chemin d'Astier, se demanda si elle ne ferait pas mieux de fuir et de laisser cet écuyer, s'il en était vraiment un, à son sort. Cependant, elle avait trop bon coeur pour cela. Elle vérifia que l'homme était bel et bien inconscient, puis jeta un oeil de l'autre côté du pont. Elle ne pouvait soulever ce moribond, seule, et le porter jusqu'à sa chaumière. Quand à revenir en ville avec lui... On l'accuserait probablement de lui avoir porté préjudice. Par deux fois déjà, Eliane avait failli finir au bûcher, et la seconde fois, elle avait connu les tourments du pilori pendant trois jours ! Mieux valait éviter de donner aux bonnes gens une raison de se débarrasser d'elle.
Il ne restait donc qu'une seule solution pour transporter le blessé. Eliane se leva, se tourna vers la forêt toute proche, et défit le masque qui dissimulait le bas de son visage. Elle lança un appel que les hommes ne pouvaient comprendre, mais que certaine créature, dissimulée parmi les arbres, saurait percevoir. Cela fait, elle remit son foulard en place, et entreprit de ramasser quelques plantes et fleurs sauvages.
La réponse ne fut pas longue à venir. Moins de dix minutes plus tard, Eliane perçut un bruit de branches brisées et de cavalcade. Ce qui sortit de la forêt ressemblait à un cheval sauvage, mais son corps était bardé de plaques osseuses et protectrices. En son front, une double corne pointait, menaçante, et la fin de son museau se prolongeait d'un bec en corne. la bête piaffait et reniflait bruyamment. C'était un kherval, une créature de légende, que peu de voyageurs se risquaient à provoquer. Elle s'approcha cependant d'Eliane sans crainte ni hésitation.
Eliane déposa aux pieds de l'animal les quelques plantes qu'elle avait récoltées, en gardant la tête baissée et sans jamais dévisager le kherval. Une offrande que la bête accepta, se mettant à brouter avec entrain, les claquements secs de son bec trahissant son plaisir et son impatience.
Réunissant toutes ses forces, Eliane releva Astier, le traîna jusqu'au kherval, et le hissa tant bien que mal sur le dos de la bête. Puis elle se mit en route, suivie de cet étrange équipage.
Moins d'une heure plus tard, Astier, entre vie et mort, reposait sur un matelas sommaire fait de paille, de bois et de tissu grossier : le lit d'Eliane. La bicoque où vivait la jeune femme était sobrement aménagée. Au centre de la pièce unique et circulaire d'environ 5 mètres de diamètre se trouvait l'âtre, sous une cheminée de pierre qui composait le principal ameublement de l'habitat. La porte était masquée par une série de fourrures, pour limiter les courants d'air. Il n'y avait pas de fenêtres.
Eliane fit venir l'une de ses chèvres à l'intérieur de la bicoque, la plus vieille et la plus malade de toutes. Elle ôta de nouveau son masque, et posa une main sur le front brulant d'Astier, l'autre entre les cornes de la chèvre, qui s'endormit instantanément. Alors Eliane entonna un chant étrange, qui s'éleva telle une douce mélopée dans la nuit.
Cela dura des heures et des heures. Sur le visage plissé par la concentration d'Eliane, on pouvait distinguer par instants de violents accès de douleur qui la pliaient en deux. Le fait était qu'elle ressentait la souffrance du jeune homme, et que ses blessures se déversaient en elle comme le poison dans un puits empli d'une eau claire. Puis, la jeune femme transmettait le mal à la chèvre endormie. Peu à peu, les blessures d'Astier cicatrisaient, alors que des plaies similaires se développaient sur le corps de la chèvre.
Peu avant l'aube, Eliane cessa de chanter et replaça son masque sur sa bouche. Astier respirait calmement et régulièrement. Ses plaies n'étaient plus que des cicatrices. La chèvre, en revanche, était au plus mal. Saignant de nombreuses blessures, elle bêlait doucement, à l'agonie.
Eliane s'allongea tout contre elle et la serra dans ses bras, souhaitant de tout coeur que l'écuyer vaille le prix que sa chèvre venait de payer. Puis, la fatigue psychique la fit sombrer dans le sommeil. Il y avait un moment qu'elle n'avait pas fait autant appel à son pouvoir...
Shangry- Chasseur de rêves
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Re: La quête d'Astier
Quand on est entre la vie et la mort, on peut être en proie à des visions, où des délires. Personne ne sait vraiment ce qui peut se passer. Dans le cas d’Astier, une multitude de souvenirs lui traversaient l’esprit. Il se revoyait jeune, gambadant joyeusement dans les vallées, ses parents marchant derrière lui. Il sentait l’odeur des prés, des fleurs et surtout cet air vivifiant qui lui chatouillait délicatement le visage. Il se revoyait ensuite adolescent, montant pour la première fois un cheval. Le sentiment de liberté l’avait envahie à ce moment-là et il se sentait heureux, libre, capable de tout. Il se souvint qu’un homme l’avait regardé d’une façon étrange. C’était le frère de Dame Emmeline et il l’engagea le jour même en tant qu’écuyer.
Dame Emmeline… Son doux visage, ses courbes généreuses, sa chevelure dorée et surtout, ses beaux yeux de jade… Il aimait tout en elle et il voulait tout lui donner. Quelle n’avait pas été sa surprise quand elle lui avait annoncé qu’elle aussi nouait des sentiments envers sa personne. Son cœur s’était sentit léger et son visage était devenue rouge cramoisie. Cet instant s’était déroulé sur ce pont, là où l’inconnue l’avait récupéré. Tous ses souvenirs étaient là pour une bonne raison : le faire revenir d’entre les morts. Il sentait que quelque chose s’opérait en lui. Il se voyait quitter ce pont, cette chevauchée et cette promenade, puis il ouvrit enfin les yeux.
Il se redressa soudainement, étouffa un cri. Les sons n’arrivaient pas à sortir de sa bouche, mais il se racla la gorge et retrouva un semblant de parole. Sa vue était parfaite, son corps n’était plus endolori. Il se demandait pourquoi et jeta un coup d’œil aux alentours. Il était dans une petite demeure, aux abords du village. Il se souvint qu’une femme y habitait, la fille d’un aubergiste. Il avait entendu quelques rumeurs sur elle, mais il n’avait jamais prêté attention aux commérages. Ils étaient justes bon à faire plaisir aux vieilles filles aigries. D’ailleurs, il vit sa bienfaitrice allongée près de lui, tenant une chèvre agonisante dans ses bras. Son cœur se serra en voyant la pauvre bête et il ne fut pas long à comprendre qu’elle portait ses blessures.
Il ne connaissait pas les pouvoirs de son hôte, mais étrangement, il n’avait pas peur. Elle venait de le sauver d’une mort atroce et il était plus que redevable. Il se redressa, douloureusement, car ses muscles étaient encore un peu endoloris et se dirigea vers sa guérisseuse. Il la souleva délicatement et l’allongea sur le matelas. La chèvre était vraiment mal en point il l’installa confortablement sur un tas de paille et la caressa avec douceur et tendresse. « Je te remercie chère amie d’avoir pris ma souffrance. Je regrette ce qui vient de t’arriver. Soit sûre que je te vengerais. » Cela pouvait être idiot de sa part de parler à une chèvre, mais ses parents étaient fermiers et lui avaient appris à respecter les animaux ainsi que la nature. « Ce sont grâce à eux que nous vivons, tu dois donc les traiter avec respect. »
A présent il allait mieux, mais il ne savait pas encore quoi faire. Il ne pouvait partir avant le réveil de son hôte, cela ne se faisait point. Il fouilla donc la demeure, cherchant de quoi faire à manger. Il trouva quelques légumes qu’il se mit à faire bouillir dans de l’eau. Cuisiner l’aidait à réfléchir. Il devait s’y préparer autrement pour l’affronter. Mais qui pourrait l’aider. Cette femme ? Peut-être qu’elle connaissait quelqu’un de puissant ? Toutes ces questions se martelaient dans sa tête qu’il ne fit pas gaffe à son réveil. « Oh mille excuses ! Je vous ai réveillé ! Je suis désolé ! J’essayais de vous préparer quelque chose pour vous remercier. Votre bonté est sans faille. Vous avez du vous épuiser. » Il alla à son chevet, en prenant soin d’éteindre le feu. « Je me nomme Astier, écuyer au service de sa majesté et à présent légèrement fou suite à mon affrontement avec la sorcière. » Il se mit à sourire, mais ce n’était plus un sourire de dément, mais un sourire franc et sincère. « Et vous ? Comment vous prénommez-vous ? » Il lui servit le bol de soupe, attendit quelques instants et osa demander. « Comment avez-vous fait ? C’est prodigieux ! Vous êtes une envoyée de Dieu ? » Il avait encore moult questions à poser, mais il laissa son hôte se restaurer d’abord.
Dame Emmeline… Son doux visage, ses courbes généreuses, sa chevelure dorée et surtout, ses beaux yeux de jade… Il aimait tout en elle et il voulait tout lui donner. Quelle n’avait pas été sa surprise quand elle lui avait annoncé qu’elle aussi nouait des sentiments envers sa personne. Son cœur s’était sentit léger et son visage était devenue rouge cramoisie. Cet instant s’était déroulé sur ce pont, là où l’inconnue l’avait récupéré. Tous ses souvenirs étaient là pour une bonne raison : le faire revenir d’entre les morts. Il sentait que quelque chose s’opérait en lui. Il se voyait quitter ce pont, cette chevauchée et cette promenade, puis il ouvrit enfin les yeux.
Il se redressa soudainement, étouffa un cri. Les sons n’arrivaient pas à sortir de sa bouche, mais il se racla la gorge et retrouva un semblant de parole. Sa vue était parfaite, son corps n’était plus endolori. Il se demandait pourquoi et jeta un coup d’œil aux alentours. Il était dans une petite demeure, aux abords du village. Il se souvint qu’une femme y habitait, la fille d’un aubergiste. Il avait entendu quelques rumeurs sur elle, mais il n’avait jamais prêté attention aux commérages. Ils étaient justes bon à faire plaisir aux vieilles filles aigries. D’ailleurs, il vit sa bienfaitrice allongée près de lui, tenant une chèvre agonisante dans ses bras. Son cœur se serra en voyant la pauvre bête et il ne fut pas long à comprendre qu’elle portait ses blessures.
Il ne connaissait pas les pouvoirs de son hôte, mais étrangement, il n’avait pas peur. Elle venait de le sauver d’une mort atroce et il était plus que redevable. Il se redressa, douloureusement, car ses muscles étaient encore un peu endoloris et se dirigea vers sa guérisseuse. Il la souleva délicatement et l’allongea sur le matelas. La chèvre était vraiment mal en point il l’installa confortablement sur un tas de paille et la caressa avec douceur et tendresse. « Je te remercie chère amie d’avoir pris ma souffrance. Je regrette ce qui vient de t’arriver. Soit sûre que je te vengerais. » Cela pouvait être idiot de sa part de parler à une chèvre, mais ses parents étaient fermiers et lui avaient appris à respecter les animaux ainsi que la nature. « Ce sont grâce à eux que nous vivons, tu dois donc les traiter avec respect. »
A présent il allait mieux, mais il ne savait pas encore quoi faire. Il ne pouvait partir avant le réveil de son hôte, cela ne se faisait point. Il fouilla donc la demeure, cherchant de quoi faire à manger. Il trouva quelques légumes qu’il se mit à faire bouillir dans de l’eau. Cuisiner l’aidait à réfléchir. Il devait s’y préparer autrement pour l’affronter. Mais qui pourrait l’aider. Cette femme ? Peut-être qu’elle connaissait quelqu’un de puissant ? Toutes ces questions se martelaient dans sa tête qu’il ne fit pas gaffe à son réveil. « Oh mille excuses ! Je vous ai réveillé ! Je suis désolé ! J’essayais de vous préparer quelque chose pour vous remercier. Votre bonté est sans faille. Vous avez du vous épuiser. » Il alla à son chevet, en prenant soin d’éteindre le feu. « Je me nomme Astier, écuyer au service de sa majesté et à présent légèrement fou suite à mon affrontement avec la sorcière. » Il se mit à sourire, mais ce n’était plus un sourire de dément, mais un sourire franc et sincère. « Et vous ? Comment vous prénommez-vous ? » Il lui servit le bol de soupe, attendit quelques instants et osa demander. « Comment avez-vous fait ? C’est prodigieux ! Vous êtes une envoyée de Dieu ? » Il avait encore moult questions à poser, mais il laissa son hôte se restaurer d’abord.
Fuji- Chasseur de rêves
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Re: La quête d'Astier
(désolé pour le délai, fin de semaine assez chargée)
Eliane ne fut pas réveillée lorsque l'écuyer la déposa sur sa couche -l'homme s'y était pris avec douceur et l'effort psychique de la veille l'avait épuisée. Curieusement, ce furent les gémissements d'agonie de sa chèvre qui l'arrachèrent aux brumes du sommeil. Eliane s'éveilla assez tôt pour constater le respect de l'écuyer envers cette bête pourtant humble. Elle s'assit sur le lit en le regardant fourrager parmi ses maigres possessions et préparer une soupe. Pas un instant elle ne crut qu'il essayait de la voler. Par ailleurs, lorsqu'il prit conscience de son réveil, il ne se comporta pas comme un voleur pris en défaut.
"Si fait, j'étais épuisée lorsque je me suis étendue... Mais je me sens mieux. Vous-même, vous semblez en pleine forme et cela me réjouit. Ces vieilles magies sacrificielles ne sont pas sûres, et on ne sait jamais vraiment quand elles guériront le patient ou quand elles l'achèveront. Fort heureusement, vous aviez la volonté de revenir..."
A travers son masque, sa voix était un peu étouffée. Mais son intonation n'était ni moqueuse, ni acerbe.
"Vos blessures auraient fini par vous mener dans l'entre-monde, cela est certain. Je ne pouvais donc me permettre d'attendre en priant..."
Elle s'abstint d'ajouter que si le cadavre d'un écuyer avait été trouvé sur le pont, c'est sans doute elle que l'on aurait blâmée. Elle attisa les braises du feu de cheminée et ajouta une bûche dans l'âtre.
"Je me nomme Eliane. Mon père m'a désavouée, et il m'a interdit d'utiliser son nom. Il faudra donc vous contenter du prénom."
Quand il la questionna sur l'origine de ses pouvoirs, elle leva ses yeux gris sur lui et répondit :
"Cela n'a rien à voir avec les Dieux, je vous assure. J'ai été visitée par une Nadir-ezherat, un esprit des bois, étant adolescente. Depuis, elle vit en moi et partage mon existence. Elle est moi, je suis elle. Je suis son enveloppe corporelle, autant que sa prison. Cela fait de moi une paria, une femme haïe de cette ville, et je ne dois ma survie qu'au fait que la populace craint les représailles d'un esprit des bois... Le jour où je mourrai, la Nadir-Ezherat sera libérée, renforcée par mon âme. Et je suis bien placée pour savoir que la première chose qu'elle fera, ce sera me venger. En attendant ce jour, notre cohabitation m'octroie certains pouvoirs et savoirs que peu peuvent se vanter de connaître..."
Elle réalisa que c'était la première fois qu'elle parlait aussi ouvertement de cette spécificité à quelqu'un. Il était vrai que la compagnie de ses semblables lui manquait. Après tout, jusqu'à l'été de ses 13 ans, jusqu'à ce jour où ses pas l'avaient menée à cette source perdue dans laquelle se reflétait la lune, elle avait été une enfant comme les autres...
"Quand à vous, qu'allez vous faire ? Retourner combattre cette sorcière ? Je serais vous, je m'abstiendrais, les miracles n'ont lieu qu'une fois... Dame Emmeline est belle, c'est ce qui se raconte, mais elle n'aura que faire d'un écuyer invalide ou incomplet... Il existe d'autres façons de prouver son amour que de mourir."
Elle sortit deux écuelles de bois d'un coin sombre et fit un signe de la main au-dessus du chaudron sans y penser. L'eau se mit à bouillir en quelques secondes, pourtant le feu prenait à peine sous le récipient. Elle remplit les deux bols, en tendit un à Astier, puis commenta :
"laissez la soupe infuser quelques minutes, sans cela vous aurez simplement l'impression de boire de l'eau chaude..."
Eliane ne fut pas réveillée lorsque l'écuyer la déposa sur sa couche -l'homme s'y était pris avec douceur et l'effort psychique de la veille l'avait épuisée. Curieusement, ce furent les gémissements d'agonie de sa chèvre qui l'arrachèrent aux brumes du sommeil. Eliane s'éveilla assez tôt pour constater le respect de l'écuyer envers cette bête pourtant humble. Elle s'assit sur le lit en le regardant fourrager parmi ses maigres possessions et préparer une soupe. Pas un instant elle ne crut qu'il essayait de la voler. Par ailleurs, lorsqu'il prit conscience de son réveil, il ne se comporta pas comme un voleur pris en défaut.
"Si fait, j'étais épuisée lorsque je me suis étendue... Mais je me sens mieux. Vous-même, vous semblez en pleine forme et cela me réjouit. Ces vieilles magies sacrificielles ne sont pas sûres, et on ne sait jamais vraiment quand elles guériront le patient ou quand elles l'achèveront. Fort heureusement, vous aviez la volonté de revenir..."
A travers son masque, sa voix était un peu étouffée. Mais son intonation n'était ni moqueuse, ni acerbe.
"Vos blessures auraient fini par vous mener dans l'entre-monde, cela est certain. Je ne pouvais donc me permettre d'attendre en priant..."
Elle s'abstint d'ajouter que si le cadavre d'un écuyer avait été trouvé sur le pont, c'est sans doute elle que l'on aurait blâmée. Elle attisa les braises du feu de cheminée et ajouta une bûche dans l'âtre.
"Je me nomme Eliane. Mon père m'a désavouée, et il m'a interdit d'utiliser son nom. Il faudra donc vous contenter du prénom."
Quand il la questionna sur l'origine de ses pouvoirs, elle leva ses yeux gris sur lui et répondit :
"Cela n'a rien à voir avec les Dieux, je vous assure. J'ai été visitée par une Nadir-ezherat, un esprit des bois, étant adolescente. Depuis, elle vit en moi et partage mon existence. Elle est moi, je suis elle. Je suis son enveloppe corporelle, autant que sa prison. Cela fait de moi une paria, une femme haïe de cette ville, et je ne dois ma survie qu'au fait que la populace craint les représailles d'un esprit des bois... Le jour où je mourrai, la Nadir-Ezherat sera libérée, renforcée par mon âme. Et je suis bien placée pour savoir que la première chose qu'elle fera, ce sera me venger. En attendant ce jour, notre cohabitation m'octroie certains pouvoirs et savoirs que peu peuvent se vanter de connaître..."
Elle réalisa que c'était la première fois qu'elle parlait aussi ouvertement de cette spécificité à quelqu'un. Il était vrai que la compagnie de ses semblables lui manquait. Après tout, jusqu'à l'été de ses 13 ans, jusqu'à ce jour où ses pas l'avaient menée à cette source perdue dans laquelle se reflétait la lune, elle avait été une enfant comme les autres...
"Quand à vous, qu'allez vous faire ? Retourner combattre cette sorcière ? Je serais vous, je m'abstiendrais, les miracles n'ont lieu qu'une fois... Dame Emmeline est belle, c'est ce qui se raconte, mais elle n'aura que faire d'un écuyer invalide ou incomplet... Il existe d'autres façons de prouver son amour que de mourir."
Elle sortit deux écuelles de bois d'un coin sombre et fit un signe de la main au-dessus du chaudron sans y penser. L'eau se mit à bouillir en quelques secondes, pourtant le feu prenait à peine sous le récipient. Elle remplit les deux bols, en tendit un à Astier, puis commenta :
"laissez la soupe infuser quelques minutes, sans cela vous aurez simplement l'impression de boire de l'eau chaude..."
Shangry- Chasseur de rêves
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Re: La quête d'Astier
Astier écoutait son hôte et fronça légèrement les sourcils. Il regarda ses mains, ses bras et se rendit compte du miracle qui s'était opérer en ces lieux. Il ne savait comment remercier Eliane, mais il savait qu'il avait une dette immense envers elle. Sa tête restait cependant douloureuse et les souvenirs de l'antre de la sorcière le ramena à la réalité. Dame Emmeline, sa douce et tendre... Il ne pouvait imaginer ce qu'elle avait du ressentir pendant qu'il se faisait torturer et il n'osait imaginer ce qu'elle subissait actuellement. Une larme vint glisser délicatement le long de sa joue. Sa bienfaitrice n'était peut-être pas un ange, mais pour lui, elle était du même niveau.
Il connaissait les contes et légendes de la région et avait entendu parler des Nadir-ezherat. Ses parents l'avaient élevés avec ces histoires. Ils étaient très croyants et lui avait appris à respecter les vieilles religions et la nature, car selon eux, ils vivaient grâce à ces êtres. Il n'avait donc point peur de la jeune femme et la respectait comme il respectait un noble. Il se sentait gêné pour elle, car elle vivait comme une paria, mais il ne pouvait changer la donne. Il était cependant curieux de voir son visage, mais n'osait point demander. L'heure était assez grave et il devait décider de la marche à suivre. Il s'agenouilla d'abord pour effectuer un baise main, afin de la remercier et déclara :
"Eliane, je vous remercie pour votre aide. Ma dette est immense envers vous et je ne sais comment l'honorer."
Il se redressa, l'air sombre et continua. " J'aime Dame Emmeline, même si je sais que nos routes jamais ne se croiseront. Je suis un simple écuyer et elle est promise à un destin plus noble que le miens. Mais je ne peux la laisser là-bas. Si je ne l'aide point, personne ne le fera. Mais je sais que je suis impuissant." Il se laissa tomber sur une chaise et soupira. " N'y a-t-il donc aucun moyen pour l'aider? Sommes-nous condamner à souffrir?" Il se rendit compte qu'il avait oublié la soupe et retourna la préparer. La chèvre était toujours là, agonisante et discrètement, il demanda à sa logeuse d'infortune ce qu'elle allait faire. "Elle mérite des funérailles." De nombreuses pensaient se martelaient dans sa tête. Il n'arrivait plus à savoir s'il devait préparer la soupe, ou enterrer la chèvre, ou courir sauver sa dame ou rester avec sa bienfaitrice. Il se massa les tempes, attendant que son mal parte. Au bout de quelques minutes, il servit le repas et osa demander :
" Pouvez-vous m'aider? Seul je suis impuissant, mais vous semblez avoir assez de connaissances et de puissance pour me guider. Je ne vous demande pas de la combattre pour moi, mais de m'aider dans ma quête. Je me rends compte que ma dette sera énorme, mais c'est un risque que je suis prêt à prendre."
Il connaissait les contes et légendes de la région et avait entendu parler des Nadir-ezherat. Ses parents l'avaient élevés avec ces histoires. Ils étaient très croyants et lui avait appris à respecter les vieilles religions et la nature, car selon eux, ils vivaient grâce à ces êtres. Il n'avait donc point peur de la jeune femme et la respectait comme il respectait un noble. Il se sentait gêné pour elle, car elle vivait comme une paria, mais il ne pouvait changer la donne. Il était cependant curieux de voir son visage, mais n'osait point demander. L'heure était assez grave et il devait décider de la marche à suivre. Il s'agenouilla d'abord pour effectuer un baise main, afin de la remercier et déclara :
"Eliane, je vous remercie pour votre aide. Ma dette est immense envers vous et je ne sais comment l'honorer."
Il se redressa, l'air sombre et continua. " J'aime Dame Emmeline, même si je sais que nos routes jamais ne se croiseront. Je suis un simple écuyer et elle est promise à un destin plus noble que le miens. Mais je ne peux la laisser là-bas. Si je ne l'aide point, personne ne le fera. Mais je sais que je suis impuissant." Il se laissa tomber sur une chaise et soupira. " N'y a-t-il donc aucun moyen pour l'aider? Sommes-nous condamner à souffrir?" Il se rendit compte qu'il avait oublié la soupe et retourna la préparer. La chèvre était toujours là, agonisante et discrètement, il demanda à sa logeuse d'infortune ce qu'elle allait faire. "Elle mérite des funérailles." De nombreuses pensaient se martelaient dans sa tête. Il n'arrivait plus à savoir s'il devait préparer la soupe, ou enterrer la chèvre, ou courir sauver sa dame ou rester avec sa bienfaitrice. Il se massa les tempes, attendant que son mal parte. Au bout de quelques minutes, il servit le repas et osa demander :
" Pouvez-vous m'aider? Seul je suis impuissant, mais vous semblez avoir assez de connaissances et de puissance pour me guider. Je ne vous demande pas de la combattre pour moi, mais de m'aider dans ma quête. Je me rends compte que ma dette sera énorme, mais c'est un risque que je suis prêt à prendre."
Fuji- Chasseur de rêves
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Re: La quête d'Astier
Eliane resta pensive quelques secondes. C'était du moins l'impression qu'elle donnait : en réalité, elle écoutait une voix lui parler. Il était rare que l'entité tapie au fond de son esprit daigne s'adresser à elle. Au départ, Eliane avait cru que la Nadir-Ezherat faisait preuve de condescendance à son égard. Elle avait depuis compris que ce n'était pas le cas. Si les pouvoirs de l'esprit des bois étaient effrayants du point de vue d'un paysan, elle n'avait jamais fait preuve de malveillance, laissant même à Eliane son libre arbitre. La jeune femme savait que certains esprits enfermaient à double tour l'âme de leur hôte afin d'avoir les coudées franches. Vivre emprisonnée dans son propre corps devait être, à n'en point douter, un expérience hautement désagréable.
Eliane reprit la parole :
"Je t'accorde mon aide, écuyer, cependant, je réclame en échange une promesse de ta part."
Elle écouta de nouveau, afin de bien traduire les paroles de la Nadir-Ezherat, et reprit :
"Dame Emmeline possède un bijou. Une broche, qu'elle ne porte quasiment jamais tant elle est grosse et lourde. Elle la tient de sa grand-mère, qui elle-même la tenait d'une aînée. Quand tu lui en parleras, elle la reconnaîtra. Je ne peux la lui réclamer moi-même, pour des raisons qui ne te concernent pas. Il te faudra convaincre dame Emmeline de te donner cette broche -et si elle n'y consent pas, il te faudra la lui voler. Si tu trahis ta promesse, je saurai te retrouver où que tu ailles pour te châtier de la manière dont il me siéra. Mais en revanche, si tu obtiens ce que je souhaite, je te promets de rester à tes côtés jusqu'à ce que Dame Emmeline soit tienne."
Sans transition, Eliane saisit son écuelle de bois, la vida sur le sol d'un geste brusque. Puis, saisissant un couteau, elle s'entama le poignet sans sourciller, laissant couler son sang dans le récipient, qu'elle tendit ensuite à l'écuyer, sans se soucier de sa blessure. Son expression restait invisible, cachée derrière ce masque qu'elle ne semblait jamais quitter.
"Si tu souhaites vraiment infléchir la course de ton destin, aimer celle qui ne t'est pas destinée au royaume des hommes, et vaincre celui que tu souhaites défaire, mêle ton sang au mien et bois. Cela tiendra lieu de pacte, et scellera notre union. Mais n'oublie pas ta promesse, humain, et ne me renie jamais. Jamais. Car je n'oublie jamais rien de ce qui m'est dû."
Rien dans le ton d'Eliane ne semblait indiquer qu'elle était possédée. Sa voix n'était pas montée de deux octaves, ses yeux ne lançaient pas de flammes, et son corps restait le même. Peut-être était-ce simplement du au fait qu'elle était toujours possédée. Son comportement erratique aurait pu passer pour de la démence. Mais Astier avait déjà perçu un avant-goût des pouvoirs de son hôte. Que signifiait donc la folie, pour un être plusieurs fois millénaire ?
Eliane reprit la parole :
"Je t'accorde mon aide, écuyer, cependant, je réclame en échange une promesse de ta part."
Elle écouta de nouveau, afin de bien traduire les paroles de la Nadir-Ezherat, et reprit :
"Dame Emmeline possède un bijou. Une broche, qu'elle ne porte quasiment jamais tant elle est grosse et lourde. Elle la tient de sa grand-mère, qui elle-même la tenait d'une aînée. Quand tu lui en parleras, elle la reconnaîtra. Je ne peux la lui réclamer moi-même, pour des raisons qui ne te concernent pas. Il te faudra convaincre dame Emmeline de te donner cette broche -et si elle n'y consent pas, il te faudra la lui voler. Si tu trahis ta promesse, je saurai te retrouver où que tu ailles pour te châtier de la manière dont il me siéra. Mais en revanche, si tu obtiens ce que je souhaite, je te promets de rester à tes côtés jusqu'à ce que Dame Emmeline soit tienne."
Sans transition, Eliane saisit son écuelle de bois, la vida sur le sol d'un geste brusque. Puis, saisissant un couteau, elle s'entama le poignet sans sourciller, laissant couler son sang dans le récipient, qu'elle tendit ensuite à l'écuyer, sans se soucier de sa blessure. Son expression restait invisible, cachée derrière ce masque qu'elle ne semblait jamais quitter.
"Si tu souhaites vraiment infléchir la course de ton destin, aimer celle qui ne t'est pas destinée au royaume des hommes, et vaincre celui que tu souhaites défaire, mêle ton sang au mien et bois. Cela tiendra lieu de pacte, et scellera notre union. Mais n'oublie pas ta promesse, humain, et ne me renie jamais. Jamais. Car je n'oublie jamais rien de ce qui m'est dû."
Rien dans le ton d'Eliane ne semblait indiquer qu'elle était possédée. Sa voix n'était pas montée de deux octaves, ses yeux ne lançaient pas de flammes, et son corps restait le même. Peut-être était-ce simplement du au fait qu'elle était toujours possédée. Son comportement erratique aurait pu passer pour de la démence. Mais Astier avait déjà perçu un avant-goût des pouvoirs de son hôte. Que signifiait donc la folie, pour un être plusieurs fois millénaire ?
Shangry- Chasseur de rêves
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Re: La quête d'Astier
Pensées d'Astier, diverses et variées, mais surtout, dans un désordre chaotique :
* Astier... Astier ! Tu ne vas quand même pas passer un pacte avec elle? La broche? C'est juste un bijou pour une femme qui se cache ! Dis moi, nous allons nous abreuver à la taverne. J'ai faim. Et si elle avait raison? Et si tout ceci était vain? Et puis, pourquoi elle nous aide? Tu crois qu'on va devoir faire un rituel bizarre? Les sorcières commencent à nous fatiguer. Et si on lui arrachait son voile. Et si...*
" Assez!"
Il se tenait à présent la tête, tant ses pensées lui martelaient son pauvre crâne. Il n'avait pas réalisé encore l'ampleur des tortures qu'il avait subit et se mettait à rire comme un dément. " Mais tais-toi! Je sais ce que je fais! Et de toute façon, je n'ai pas le choix! Il suffit maintenant!" Il redressa lentement la tête vers Eliane, tout en prenant conscience de sa nouvelle folie. Intérieurement, il se jura d'éventrer la sorcière qui l'avait rendu ainsi. Mais comment s'y prendre? Il remarqua l'écuelle et tout devint clair. Son regard se perdit dans de nombreuses pensées. Sa nouvelle amie, la femme qu'il aimait, sa némésis, le roi... Il avait enfin la possibilité d'inverser la donne et de prouver qu'il pouvait faire quelque chose. Le prix était lourd et il en était conscient. Mais par amour, nous pouvons être capable de bien des choses. Pendant un temps, il s'était senti faible, mais maintenant il savait. Il détenait en face de lui un pouvoir capable de l'aider dans sa quête.
Sans perdre une seconde, il s'entailla la main et versa son sang dans l'écuelle. Il regardait avec une certaine émotion le mince filet écarlate couler d'entre sa main. " Il suffit d'un peu de mon sang..." Il avait encore du mal à réaliser, mais il était plus que décidé à y retourner. Son être tout entier criait son amour pour Dame Emeline et il voulait à tout prix la tirer de ce mauvais pas. Il prit le petit récipient et regarda intensément son hôte. " Par tous les moyens, je vous ramènerais cette broche. Je vous le jure." Sa voix était à présent calme et sereine. Finit les rires de déments, finit les crises - du moins pour l'instant - maintenant, il devait aller sauver sa Dame. Il s'imaginait déjà finir dans les futurs contes des bardes. Il porta ses lèvres à l'écuelle et bu d'une traite. " Voilà, un lien s'est tissé entre toi et moi. Je te serais à jamais fidèle."
Il venait de franchir un pas. Il était désireux de connaître la suite des évènements. Il conta à son nouvel allié comment se rendre dans l'antre de la sorcière. Il lui expliqua aussi qui elle était et ce qu'elle lui avait fait subir. Son discours resta sobre, malgré l'horreur des tortures. Pourtant, à chaque mot qu'il prononçait, il avait l'étrange impression d'y être encore. Il revoyait le visage de sa douce, regardant avec désespoir le spectacle. Cette odieuse femme y trouvait du plaisir, tant par les blessures qu'elle lui avait infligé, qu'à la tristesse qu'elle avait provoqué chez Emeline. Il voulait en finir, car cela avait trop duré. Il se redressa et se dirigea vers la porte. " Nous devons y retourner!" Il s'arrêta et reprit. " Mais le devons-nous vraiment? Ne devons-nous pas plutôt aller voler la broche?" Ah! Il ne savait plus, son esprit était confus. " Dame Eliane, je vous ai tout dit sur ma misérable aventure. J'espère que votre savoir est plus important que le mien, car mon destin et celui de ma bien-aimée est entre vos mains."
Il sortit, non pas qu'il se sentait mal à l'aise, mais parce qu'il avait besoin de sentir le soleil sur sa peau. Il avait besoin de la caresse du vent sur son visage, pour lui rappeler que tout ceci était bien réel. " Ce n'est pas une illusion..." Il était en vie. Doucement, quelques larmes vinrent danser sur sa joue. " Je... je suis vivant..." Il pleurait à présent, réalisant sa chance et la dure quête qui l'attendait. Il était de nouveau prêt.
* Astier... Astier ! Tu ne vas quand même pas passer un pacte avec elle? La broche? C'est juste un bijou pour une femme qui se cache ! Dis moi, nous allons nous abreuver à la taverne. J'ai faim. Et si elle avait raison? Et si tout ceci était vain? Et puis, pourquoi elle nous aide? Tu crois qu'on va devoir faire un rituel bizarre? Les sorcières commencent à nous fatiguer. Et si on lui arrachait son voile. Et si...*
" Assez!"
Il se tenait à présent la tête, tant ses pensées lui martelaient son pauvre crâne. Il n'avait pas réalisé encore l'ampleur des tortures qu'il avait subit et se mettait à rire comme un dément. " Mais tais-toi! Je sais ce que je fais! Et de toute façon, je n'ai pas le choix! Il suffit maintenant!" Il redressa lentement la tête vers Eliane, tout en prenant conscience de sa nouvelle folie. Intérieurement, il se jura d'éventrer la sorcière qui l'avait rendu ainsi. Mais comment s'y prendre? Il remarqua l'écuelle et tout devint clair. Son regard se perdit dans de nombreuses pensées. Sa nouvelle amie, la femme qu'il aimait, sa némésis, le roi... Il avait enfin la possibilité d'inverser la donne et de prouver qu'il pouvait faire quelque chose. Le prix était lourd et il en était conscient. Mais par amour, nous pouvons être capable de bien des choses. Pendant un temps, il s'était senti faible, mais maintenant il savait. Il détenait en face de lui un pouvoir capable de l'aider dans sa quête.
Sans perdre une seconde, il s'entailla la main et versa son sang dans l'écuelle. Il regardait avec une certaine émotion le mince filet écarlate couler d'entre sa main. " Il suffit d'un peu de mon sang..." Il avait encore du mal à réaliser, mais il était plus que décidé à y retourner. Son être tout entier criait son amour pour Dame Emeline et il voulait à tout prix la tirer de ce mauvais pas. Il prit le petit récipient et regarda intensément son hôte. " Par tous les moyens, je vous ramènerais cette broche. Je vous le jure." Sa voix était à présent calme et sereine. Finit les rires de déments, finit les crises - du moins pour l'instant - maintenant, il devait aller sauver sa Dame. Il s'imaginait déjà finir dans les futurs contes des bardes. Il porta ses lèvres à l'écuelle et bu d'une traite. " Voilà, un lien s'est tissé entre toi et moi. Je te serais à jamais fidèle."
Il venait de franchir un pas. Il était désireux de connaître la suite des évènements. Il conta à son nouvel allié comment se rendre dans l'antre de la sorcière. Il lui expliqua aussi qui elle était et ce qu'elle lui avait fait subir. Son discours resta sobre, malgré l'horreur des tortures. Pourtant, à chaque mot qu'il prononçait, il avait l'étrange impression d'y être encore. Il revoyait le visage de sa douce, regardant avec désespoir le spectacle. Cette odieuse femme y trouvait du plaisir, tant par les blessures qu'elle lui avait infligé, qu'à la tristesse qu'elle avait provoqué chez Emeline. Il voulait en finir, car cela avait trop duré. Il se redressa et se dirigea vers la porte. " Nous devons y retourner!" Il s'arrêta et reprit. " Mais le devons-nous vraiment? Ne devons-nous pas plutôt aller voler la broche?" Ah! Il ne savait plus, son esprit était confus. " Dame Eliane, je vous ai tout dit sur ma misérable aventure. J'espère que votre savoir est plus important que le mien, car mon destin et celui de ma bien-aimée est entre vos mains."
Il sortit, non pas qu'il se sentait mal à l'aise, mais parce qu'il avait besoin de sentir le soleil sur sa peau. Il avait besoin de la caresse du vent sur son visage, pour lui rappeler que tout ceci était bien réel. " Ce n'est pas une illusion..." Il était en vie. Doucement, quelques larmes vinrent danser sur sa joue. " Je... je suis vivant..." Il pleurait à présent, réalisant sa chance et la dure quête qui l'attendait. Il était de nouveau prêt.
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Re: La quête d'Astier
Eliane n'était pas sûre d'apprécier ce qui se passait.
Elle était là, bien présente, et son esprit fonctionnait correctement, cependant...
Cependant elle n'était plus seule. La Nadir-ezherat, qui se tenait habituellement tapie en elle, s'était propulsée aux commandes, l'espace d'un instant. C'était cet esprit qui avait fait une promesse à Astier, et elle encore qui avait fait couler le sang. Ce n'était pas la première fois que quelque chose de semblable de produisait, il arrivait en effet à Eliane d'être contrôlée par l'entité en elle. Mais, à la souvenance de la jeune femme, c'était la première fois que l'esprit se servait d'elle pour s'adresser directement à un humain. Eliane avait d'ailleurs partiellement ressenti les sentiments de sa moitié magique : l'espoir et l'envie prédominaient. Quand à cette broche, la Nadir-ezherat la désirait plus que tout, sans qu'Eliane ne soit autorisée à savoir pourquoi.
Existence bien étrange que celle de l'hôte d'un esprit des bois. Par exemple, en ce moment précis, Eliane mélangeait les 2 sangs versés en murmurant quelques paroles sacrées. Elle savait pertinemment dans quel but elle faisait cela : les promesses liées par le sang et par l'esprit étaient source de haute magie, et cette magie serait nécessaire à Astier. Un charme succédait à un autre, et, au fond du bol, le sang versé semblait bouillonner et réagir à ses mots... Elle ne faisait qu'utiliser une part des pouvoir de la Nadir-Ezherat, comme elle l'avait fait pour soigner l'écuyer.
Ecoutant les lamentations d'Astier, elle le suivit à l'extérieur sans cesser de psalmodier. Au fond du bol, le sang épaississait et se transformait en une espèce de pâte sombre.
"Tu es vivant, certes. " Eliane se rendit compte qu'elle avait de nouveau tutoyé l'écuyer, imitant par là la Nadir-ezherat de façon inconsciente, ce qui pouvait paraître impoli. "Enfin, je veux dire, vous êtes toujours vivant. Mais retourner voir le mage dés maintenant me paraît pure folie. Même si mes pouvoirs sont grands, ils ne vous garantiront pas la victoire face à un tel adversaire. En revanche, je sais où me procurer la puissance et l'arsenal nécessaire."
Elle étendit un doigt en direction du nord.
"A deux jours de marche au nord se trouve la clairière des âmes bernées. Ce fut par le passé le lieu d'une terrible bataille. Le roi Gernlord y affronta l'archimage Kohel en un duel légendaire. Le roi l'emporta, et fit démembrer le cadavre de l'archimage. Cependant, l'épée de l'archimage, dentnoire, taillée dans un croc de démon, était un artefact magique puissant et potentiellement néfaste. Le roi eut la sagesse de demander l'aide d'esprits de la forêt qui isolèrent dentnoire dans un puissant champ magique. En tant qu'esprit de la forêt, je connais la cachette de l'arme, et le moyen de rompre ses chaînes... Un seul coup de cette arme pourrait tuer n'importe quel mage. "
Elle se détourna vers le sud :
"Plus loin au sud, par delà la ville de Nurendorf, se trouve la tombe cachée du prince Geneth. Il a été enterré avec son manteau de jade. Ce manteau pourrait vous intéresser. Tissé dans un cordage spécial, extrêmement résistant à la magie. Une défense idéale contre votre adversaire..."
Puis, se tournant vers l'est :
"Enfin, à l'est, au plus profond des bois se trouve l'autel du champion. Selon la légende, il fournira puissance et gloire à celui qui remplira le sacrifice nécessaire. Je ne connais malheureusement pas les détails du pacte."
Elle se tourna de nouveau vers Astier, sans cesser de battre le sang au fond de son bol.
"Comme vous le voyez, les sources de pouvoir ne manquent pas alentour pour les érudits. Il est d'ailleurs à parier que le mage qui vous ait torturé s'en soit approprié certaines. J'en connais d'autres, mais bien trop éloignées. Le mage se lassera sans doute de dame Emmeline au bout de quelques jours, ou quelques mois -comment savoir ? Et alors, Qui sait ce qu'il fera d'elle ? Femme à soldats, bouffe à chien, ou bien jetée au fond d'une geôle puis oubliée si elle a de la chance... L'histoire de ce pays regorge de princesses au destin tragique. Nous pouvons bien sûr nous porter au secours de Dame Emmeline sans attendre si vous vous sentez le coeur vaillant et le vit impatient. Je ne puis vous garantir la victoire en ce cas, mais je respecterai ma part du pacte, quelle que soit votre décision..."
Elle était là, bien présente, et son esprit fonctionnait correctement, cependant...
Cependant elle n'était plus seule. La Nadir-ezherat, qui se tenait habituellement tapie en elle, s'était propulsée aux commandes, l'espace d'un instant. C'était cet esprit qui avait fait une promesse à Astier, et elle encore qui avait fait couler le sang. Ce n'était pas la première fois que quelque chose de semblable de produisait, il arrivait en effet à Eliane d'être contrôlée par l'entité en elle. Mais, à la souvenance de la jeune femme, c'était la première fois que l'esprit se servait d'elle pour s'adresser directement à un humain. Eliane avait d'ailleurs partiellement ressenti les sentiments de sa moitié magique : l'espoir et l'envie prédominaient. Quand à cette broche, la Nadir-ezherat la désirait plus que tout, sans qu'Eliane ne soit autorisée à savoir pourquoi.
Existence bien étrange que celle de l'hôte d'un esprit des bois. Par exemple, en ce moment précis, Eliane mélangeait les 2 sangs versés en murmurant quelques paroles sacrées. Elle savait pertinemment dans quel but elle faisait cela : les promesses liées par le sang et par l'esprit étaient source de haute magie, et cette magie serait nécessaire à Astier. Un charme succédait à un autre, et, au fond du bol, le sang versé semblait bouillonner et réagir à ses mots... Elle ne faisait qu'utiliser une part des pouvoir de la Nadir-Ezherat, comme elle l'avait fait pour soigner l'écuyer.
Ecoutant les lamentations d'Astier, elle le suivit à l'extérieur sans cesser de psalmodier. Au fond du bol, le sang épaississait et se transformait en une espèce de pâte sombre.
"Tu es vivant, certes. " Eliane se rendit compte qu'elle avait de nouveau tutoyé l'écuyer, imitant par là la Nadir-ezherat de façon inconsciente, ce qui pouvait paraître impoli. "Enfin, je veux dire, vous êtes toujours vivant. Mais retourner voir le mage dés maintenant me paraît pure folie. Même si mes pouvoirs sont grands, ils ne vous garantiront pas la victoire face à un tel adversaire. En revanche, je sais où me procurer la puissance et l'arsenal nécessaire."
Elle étendit un doigt en direction du nord.
"A deux jours de marche au nord se trouve la clairière des âmes bernées. Ce fut par le passé le lieu d'une terrible bataille. Le roi Gernlord y affronta l'archimage Kohel en un duel légendaire. Le roi l'emporta, et fit démembrer le cadavre de l'archimage. Cependant, l'épée de l'archimage, dentnoire, taillée dans un croc de démon, était un artefact magique puissant et potentiellement néfaste. Le roi eut la sagesse de demander l'aide d'esprits de la forêt qui isolèrent dentnoire dans un puissant champ magique. En tant qu'esprit de la forêt, je connais la cachette de l'arme, et le moyen de rompre ses chaînes... Un seul coup de cette arme pourrait tuer n'importe quel mage. "
Elle se détourna vers le sud :
"Plus loin au sud, par delà la ville de Nurendorf, se trouve la tombe cachée du prince Geneth. Il a été enterré avec son manteau de jade. Ce manteau pourrait vous intéresser. Tissé dans un cordage spécial, extrêmement résistant à la magie. Une défense idéale contre votre adversaire..."
Puis, se tournant vers l'est :
"Enfin, à l'est, au plus profond des bois se trouve l'autel du champion. Selon la légende, il fournira puissance et gloire à celui qui remplira le sacrifice nécessaire. Je ne connais malheureusement pas les détails du pacte."
Elle se tourna de nouveau vers Astier, sans cesser de battre le sang au fond de son bol.
"Comme vous le voyez, les sources de pouvoir ne manquent pas alentour pour les érudits. Il est d'ailleurs à parier que le mage qui vous ait torturé s'en soit approprié certaines. J'en connais d'autres, mais bien trop éloignées. Le mage se lassera sans doute de dame Emmeline au bout de quelques jours, ou quelques mois -comment savoir ? Et alors, Qui sait ce qu'il fera d'elle ? Femme à soldats, bouffe à chien, ou bien jetée au fond d'une geôle puis oubliée si elle a de la chance... L'histoire de ce pays regorge de princesses au destin tragique. Nous pouvons bien sûr nous porter au secours de Dame Emmeline sans attendre si vous vous sentez le coeur vaillant et le vit impatient. Je ne puis vous garantir la victoire en ce cas, mais je respecterai ma part du pacte, quelle que soit votre décision..."
Shangry- Chasseur de rêves
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